"We will find good days for us, the sun will shine brightly"
Fin de dimanche après-midi, j’ai fait mes devoirs, rangé ma chambre, nettoyé ma salle de bain, je suis à jour dans les trucs non-attractifs, et je peux passer aux activités dites « attractives » : vous donner des nouvelles et susciter vos commentaires émoustillés. Rien de moins.
Je sais, les nouvelles arrivent tard. Je m’excuse de la part de l’Internet chinois qui a rendu mon accès à la toile épicé et acrobatique ces derniers temps. Tout semble revenu à la normale.
Mais est-ce que les choses peuvent vraiment revenir à la normale dans ce pays ? Je vous le demande.
Je suis revenue à Jinan il y a déjà trois semaines, pour y entamer en fanfare mon troisième et dernier semestre. Chambre 2324, Lan Gui Fang et Jinan all over again, la vie bat son plein à Shanda-city, au grand bonheur de mes zygomatiques, qui ont eu plutôt pas mal de travail ces derniers temps.
Je croise les doigts pour que janvier n’arrive pas trop vite, même si je ne sais que trop bien à quel point les fins peuvent se dépêcher d’être là quand on ne les attend pas.
Oui, oui, je sais, j’ai aussi des raisons de rentrer. Pas nombreuses, mais quelques unes quand même. Le débarquement d’un guitareux au bâtiment des étudiants étrangers m’a fait réaliser qu’un poil d’éclés, de gratte autour du feu de bois et de course dans une forêt mouillée par la pluie bretonne ne serait pas de trop dans ma vie. Ainsi que des cours de chant. Il y a des choses que la Chine ne peut pas offrir …
Et les vacances ?, me direz-vous. Bien, très bien les vacances.
Je passe les divers commentaires des divers camarades, « Ooh, t’es pas rentrée chez toi ? T’as voyagé TOUTE SEULE ??!! 哎呀, 这么厉害 !! »
Non, à vrai dire, je n’ai pas le sentiment d’être plus 厉害 que la moyenne. Je crois que je ne peux simplement pas me permettre de limiter la Chine à Jinan. Aussi merveilleuse soit Jinan dans le soleil de la fin de l’été, cet énorme bout de territoire a tellement de choses à montrer à qui se déclare prêt à les découvrir que c’aurait été dommage de ne pas essayer …
J’espère sincèrement que la Chine ne cessera jamais de me surprendre, de m’impressionner, de me faire rire, de me faire réfléchir. J’espère que je poserai toujours sur elle des yeux d’enfant. Que j’aurai éternellement des bouffées d’euphorie et de bonheur à la simple idée d’y être, parfois, juste en marchant dans la rue.
Les pics déchiquetés de l’Himalaya, la fierté des tibétains, les minimoines qui courent comme des dératés dans les escaliers des monastères, le vert étincelant des paysages du Xishuangbanna, le bleu des eaux du lac Lugu, du lac Qinghai, des bassins de Jiuzhaigou, les escaliers de l’Emei Shan au petit matin, les sentiers détournés, les trains de nuit, les bus de jour, le goût du thé au beurre de yack ou du hotpot sichuanais, l’activité délirante des pandas géants, la patience du Bouddha de Leshan, qui veille majestueusement sur les hordes de touristes, les ruelles de Lijiang, le quinzième étage de cet immeuble de Xining ….
…. et les pintes de Tiger au Oscar, les après-midi sur les marches, le dédale de hutong du vieux Jinan, le podium du Phebe, les Ladies Nights du Lan Gui Fang, les repas communs dans la cuisine du 2ème, du 3ème, les séances de révisions à la cafet, ICBC ou China Mobile, les brochettes à 5h du mat’, SOJA sur le toit, le vélo de la salle de gym, les jiaozi de la porte Nord, le marché couvert, Quancheng Guangchang de nuit, le Gaoji Yi, les tasses de thé à n’en plus finir en faisant mes devoirs, Shanda, Jinan, la maison.
Tout ce qui se mélange, quotidien et nouveauté, anciens et nouveaux amis, absents et présents, magie et réalisme, les diverses raisons de se lever le matin.
Ma Chine.