Après le beau temps vient la pluie ...
Avant de commencer à éructer quoique ce soit, j’ai une déclaration officielle à faire, deux points ouvrez les guillemets :
« OH MY GOD IT’S SO FUCKIN FREEZING IN THIS FUCKIN COUNTRY ! »
Voilà.
Maintenant, si vous le voulez bien, je vais continuer à parler de la météo.
Dans la nuit de dimanche à lundi, j’ai été réveillée par un bruit peu anodin.
A vrai dire, pour être tout à fait honnête, le bruit en question se voit rarement octroyer le qualificatif ''peu anodin'' par quelqu’un qui a passé 20 ans de sa vie en Bretagne.
Le bruit de la pluie.
Alors ok, en Bretagne, on trouve ça trop hype d’écouter le bruit de la pluie sur les vélux quand on est au chaud dans son lit, il n’empêche que quand on se réveille au milieu de la nuit et qu’il pleut, la première pensée est généralement ''Oh putain mais non mais non MAIS NOOON MAIS PAS ENCORE !'' (Ladite pensée pouvant s’accompagner d’un ''Mes cheveux vont friser, je serai moche, j’aurai plus qu’à entrer dans les ordres, voilà, fait chier'', en fonction des personnes.)
Et puis en même temps, comme la situation se produit une nuit sur deux, on se lasse vite.
En la douce ville de Jinan, c’est différent. Jinan, délicieuse cité de caractère, est considérée par le peuple du Milieu comme l’un des quatre ''fours de la Chine'' (avec Chongqing, Wuhan et Nankin, pour ta culture). Ce qui, on est d’accord, laisse présager de doux moments de déshydratation. Je suis ici depuis 3 mois et demi. J’ai du connaître environ 4 jours de pluie.
Eh bien tu sais quoi, petit malin ? La pluie me manquait.
Horriblement, même.
Les feuilles mortes mouillées jonchant le bitume mouillé dans une atmosphère mouillée. L’odeur de la terre humide. Le bruit de l’eau. La pluie.
Alors du coup, au beau milieu de la nuit de dimanche à lundi citée plus haut, quand ce bruit caractéristique de mon chez moi à moi m’a réveillée dans la nuit, la transe m’a littéralement gagnée. Et lundi, au petit matin, vers 10h30, quand j’ai émergé, et que j’ai réalisé que la pluie se mêlait à de la neige, que le vent était glacial et que les trottoirs étaient détrempés, je me suis sentie telle une gamine de 5 ans à qui on a acheté des bonbons.
Conclusion : s’il faut vivre sans pluie pour réaliser que l’on aime la pluie, alors vivons sans pluie que diantre. Ca permet, entre autre, de passer pour une cinglée aux yeux de sa prof de compréhension orale quand elle vous demande pourquoi vous avez l’air surexcitée, et que vous lui répondez ''C’est parce qu’il pleut, j’aime la pluie !''
(Et oui, je faisais partie de ces gens hurlant au désespoir à cause de leurs cheveux qui frisent, eh ben laisse-moi te dire qu’ici mes cheveux ils frisent que dalle, ils sont même tout aplatis et terriblement lisses, et sans ce coup de fouet pétillant que leur apportait la pluie bretonne, ils sont cassants, et ils tombent vachement plus qu’avant, et y’en a partout par terre, et mon carrelage est blanc, et c’est là que tu te dis que l’aspirateur c’était quand même bien pratique, mine de rien.)
Voilà. Aujourd’hui, la pluie était repartie, nous laissant aux prises avec un ciel bleu, et un froid bien sec comme il faut, permettant ainsi aux flaques de la veille de transformer la ville en immense patinoire. Par le miraculeux fruit du hasard, je ne me suis pas étalée par terre, ce qui ne manque pas de me surprendre. Je suis pourtant une personne naturellement désignée par la nature pour vivre ce genre de choses.
Accessoirement, il fait froid, je perds mes doigts (et ça fait autrement plus tâche que les cheveux sur le carrelage blanc), mais la prof de compré elle a dit : ''Oh, là il fait pas encore très froid vous savez, ça ne fait que commencer …''
J’ai peur.
(Sinon, j’ai eu 21 ans en Chine mercredi dernier. It was a pretty cool experience. Avoir des coréens, des thaï, des québécois, une allemande, un saoudien et des français à son dîner d’anniversaire, ça gère un peu, quand même.)